La cour des miracles

Livre premier – Anacréon, Roi des gueux

  • Titre: La cour des miracles
  • Auteur(s): Stéphane Piatzszek et Julien Maffre
  • Date de sortie: Janvier 2018
  • Éditeur(s): Collection QUADRANTS  aux éditions SOLEIL
La cour des miracles T1

Premier tome d’une série historique prévue en trois volets, La cour des miracles – Livre premier  est plus une sorte de mise-en-bouche et de préalable à l’épopée qui devrait en découler dans les deux prochains opus. On y découvre le contexte post moyenâgeux d’un Paris crasseux et délétère où se côtoient les gueux et les nantis. Anacréon, 84ème roi des miséreux, sentant sa fin proche, tente d’assurer sa succession malgré de multiples contrariétés qui ne lui facilitent pas la tâche. A la fin de ce premier tome, on reste sur sa faim puisque l’intrigue est encore à peine esquissée. Par conséquent, il est difficile d’évaluer la qualité narrative du scénario de cette série d’après ce premier album ; seule la lecture de la suite nous permettra de le faire. Néanmoins, la mise en place est plutôt intéressante et un tantinet addictive, en tous les cas suffisamment pour avoir envie de connaitre la suite.

Stéphane Piatzszek, le scénariste, n’est pas un débutant puisqu’il a déjà travaillé pour les éditions Glénat, Casterman, Futuropolis et Soleil sur des séries ou albums tels que « Le chevalier à la licorne », « Cavales », « Neverland », « L’aigle et la salamandre », « Le temps de vivre », « Commandant Achab », « L’île des justes », etc. Il y a donc fort à parier qu’il saura nous entrainer dans un univers riche et envoutant au gré de son imagination au fin fond de la cour des miracles.

« On y découvre le contexte post moyenâgeux d’un Paris crasseux et délétère où se côtoient les gueux et les nantis »

Pour ce qui est de la touche graphique de Julien Maffre, son trait plutôt réaliste colle relativement bien au sujet, et il est assez bien mis en couleurs par Laure Durandelle, même si les aplats numériques de couleurs auraient gagné à s’enrichir d’effets de matière plus ou moins granuleuse pour accentuer le côté « crade » de l’époque (les aplats trop lisses, réalisés probablement avec un logiciel type Photoshop, aseptisent les représentations de ce Paris sensé être puant et grouillant). En revanche, les angles de vue choisis, dans les cases, par Julien Maffre sont plutôt pertinents et dynamisent la narration, malgré une mise en page très classique des planches. Ce dessinateur est déjà connu pour ses séries chez Dargaud : « Stern » (2 tomes) et « La banque » (2 tomes), ainsi que pour « Le tombeau d’Alexandre » (3 tomes) chez Delcourt. J’attirerai juste votre attention sur sa façon assez originale de dessiner les chevaux dans ce premier tome (les équidés sont assez massifs et semblent plutôt lourdauds, même si ce ne sont pas des chevaux de labour ; et leurs mouvements sont assez figés quand ils sont dessinés en action.), mais ce n’est peut-être qu’un détail pour vous ?

En conclusion, ce premier opus, qui s’adresse à un lectorat adolescent et adulte, est plein de promesses inavouées et d’attentes fébriles que seule l’excellence des prochains tomes pourra confirmer ou assouvir. Sans la suite, ce livre premier reste inachevé. Il faudra donc attendre la publication des prochains albums pour estimer la qualité du scénario et la puissance de l’intrigue. Affaire à suivre !