Dans cet ouvrage au titre intriguant, les deux sociologues livrent une analyse des mécanismes de domination et d’accaparement des richesses et du pouvoir depuis les années 80 par une « caste » qui ne vise qu’à faire du profit et à se perpétuer à l’abris des pauvres, avec des espaces géographiques, éducatifs, intellectuels, qui lui sont naturellement réservés. Les riches se côtoient dans les mêmes grandes écoles spécialisées en droit ou en économie. Ils deviennent actionnaires, patrons, avocats et conseillers en finance (pour protéger l’argent amassée des premiers), ou bien encore hommes politiques. Ils baignent donc très tôt dans la même idéologie libérale, défendent les mêmes principes économiques, tout en se livrant à l’alternance politique. Les pauvres sont physiquement et économiquement loin de ce monde, excepté certaines valeurs du libéralisme qui leurs sont transmises comme l’immédiateté et le culte de l’apparence.
Riches organisés en réseaux, patrons spéculateurs et fraudeurs, mécanique de la domination, sont parmi les grands thèmes de ce livre. Très instructif, il nous donne de nombreux arguments accompagnés d’exemples, contre les lieux communs du type : « si on taxe trop les riches, ils vont tous partir mon bon Monsieur et, que deviendra la France.. ! » Peu de sociologues « étudient » les riches. Lecture vivement conseillée!