La fabrique des pandémies

Préserver la biodiversité, un impératif pour la santé planétaire

  • Titre: La fabrique des pandémies
  • Auteur(s): Marie-Monique ROBIN
  • Date de sortie: 04/02/2021
  • Éditeur(s): La Découverte
La fabrique des pandémies

Pour lutter contre l’épidémie de covid-19, la vaccination est généralement présentée par la majorité des intervenants – politiciens, médias de masse ou médecins-virologues abonnés des chaines infos – comme la solution qui nous permettra de revenir plus ou moins rapidement à l’a-normal. Plus rarement il est question des causes de l’émergence du virus. Il parait pourtant évdent que si l’on veut résoudre efficacement un problème, mieux vaut s’attaquer à ses origines et pas simplement à ses conséquences.

Ça tombe bien, des études très intéressantes existent depuis quelques années déjà sur l’émergence des nouveaux virus et Marie-Monique Robin a eu la bonne idée de rassembler les plus pertinentes. L’auteure a interrogé 62 scientifiques qui démontrent comment la destruction de la biodiversité entraine – et entrainera si rien n’est fait – des catastrophes écologiques, sociales et sanitaires. Rassurez-vous le livre n’est pas démoralisant ! Au contraire, il apporte des explications et des solutions pour sortir de ces pandémies (Ebola, VIH, H1N1, Zika, Covid19…) qui se multiplient depuis ces 50 dernières années.

Cet ouvrage est un bon outil pour faire reculer le scepticisme et le fatalisme sur le sujet. Nous en publions ici quelques extraits.

A noter : Prochainement le film. Une souscription est ouverte.


Changer de paradigme économique, réduire l’industrialisation de l’élevage et promouvoir l’agroécologie

À l’instar de Meriem Bouamrane, tous les scientifiques qui se sont exprimés dans ce livre appellent à un changement de paradigme économique, qui remette en cause le sacro-saint principe de la croissance du produit intérieur brut. Je dois dire que j’ai été très surprise d’entendre des virologues ou des parasitologues, que j’imaginais scotchés sur une paillasse, m’expliquer que le fameux PIB était l’une des causes principales de l’émergence de maladies infectieuses. « Le concept de croissance économique est un non-sens total, a ainsi affirmé Malik Peiris, qui a isolé le virus du SARS. Les économistes et politiques ne savent pas compter ce qui compte. » « Nul besoin d’être fort en maths pour comprendre qu’une croissance quantitative illimitée – toujours plus de production et toujours plus de consommation – sur une planète limitée en termes de ressources et de capacité d’absorption des déchets est mathématiquement impossible, a ironisé Safa Motesharrei, qui a publié en 2016 une étude sur le sujet [13]. En revanche, je ne vois pas de limite à la croissance de la créativité, de l’intelligence, de la santé physique et mentale ou de la qualité de la vie. »

« Le PIB est un faux ami, a précisé le zoologue Bruce Baylis, car son calcul ne tient pas compte des externalités, c’est-à-dire des coûts environnementaux liés à son augmentation. » « Il faut complètement revoir le système des incitations financières, a ajouté l’économiste et écologue David Rapport, en identifiant clairement les activités qui détruisent les écosystèmes et celles qui, au contraire, favorisent leur santé. Les premières doivent être lourdement taxées et les secondes subventionnées. Actuellement, c’est l’inverse qui se produit. » Pour l’épidémiologiste Andrew Haynes, la « société postcovid » ne pourra émerger que si les « politiques acceptent de changer leur logiciel ». Il cite l’exemple de Jacinda Ardern, la Première ministre de Nouvelle-Zélande, qui, à quarante ans, incarnait en 2020 la « nouvelle génération de politiques, dont nous avons besoin à l’heure de l’anthropocène. Malheureusement, elle est bien seule ». Et son collègue Samuel Myers d’enfoncer le clou : « Nous devons tout faire différemment : produire, manger, nous chauffer ou déplacer. »

La question de la surconsommation de viande, stimulée par l’industrialisation de l’élevage, apparaît cruciale à cet égard, comme l’affirmait le 22 juillet 2020 le titre d’un communiqué de presse du CIRAD, l’organisme de recherche pour lequel travaille Serge Morand : « Accroissement du bétail : un facteur pandémique mondial. » Il présentait la dernière étude publiée par le chercheur dans Biological Conservation14, qui a été largement commentée par la presse. Il faut dire qu’elle fait froid dans le dos. On se souvient que Serge Morand avait montré que les épidémies de zoonoses étaient liées aux pertes de biodiversité, mesurées par le nombre d’espèces sauvages menacées (voir chapitre 3). Il a réactualisé ses données, qui couvrent la période 1960-2019, en ajoutant deux paramètres : le nombre de têtes de bétail et de maladies des animaux domestiques. Et il a constaté que « la relation entre le nombre d’espèces en danger et celui des épidémies augmente jusqu’à atteindre un pic avant de diminuer. Le risque épidémique est alors corrélé à l’augmentation du nombre de têtes de bétail ».

« Pour moi, c’est une grosse alerte, m’a-t-il expliqué. Tout indique que la biodiversité a atteint ses derniers soubresauts : la disparition des animaux sauvages est telle que bientôt ils ne se seront plus capables de nous fournir de nouveaux pathogènes. Ce sont les animaux domestiques, en particulier les bovins, qui ont pris le relais. De fait, le bétail a un double impact renforçant le risque pandémique : il a besoin de protéines végétales, ce qui contribue à la diminution des espaces où vit la faune sauvage, et il sert de pont épidémiologique pour le passage des agents infectieux zoonotiques aux humains. Le bétail est devenu le principal facteur pandémique.

— C’est ce que vous appelez l’“ère du bovinocène” ?

— Tout à fait ! C’est l’une des caractéristiques de l’anthropocène. Récemment, l’écologue et vétérinaire Bernard Hubert, qui siège à l’Académie d’agriculture, a évoqué l’inversement de la mobilité animale : autrefois, les animaux bougeaient localement, comme le poulet dans sa basse-cour et les vaches dans les prairies ; aujourd’hui, ils sont enfermés dans des mégafermes et, quand ils bougent, c’est pour être vendus, morts ou vivants, à l’autre bout de la planète. L’Union européenne ne devrait plus encourager ce genre de dérives, en réorientant les subventions agricoles de la PAC vers les pratiques agricoles qui s’inscrivent dans un développement multifonctionnel et résilient des territoires.

L’ère du « bovinocène »

Entre 1960 et 2017, le nombre de bovins vivant sur la planète est passé de moins de 500 millions à près de 1,6 milliard, celui des cochons de 500 millions à 1,5 milliard, celui des poulets de 5 milliards à plus de 20 milliards. Le nombre d’animaux d’élevage est devenu tel que leurs poids cumulés est plus important que celui de l’ensemble des humains et de toute la faune sauvage terrestre. Nous sommes entrés dans l’ère du bétail, le « bovinocène », du latin bovinus.

Ces animaux d’élevage sont de plus en plus « produits » dans des mégafermes industrielles nommées CAFO (« concentrated animal feeding operation »), apparues aux États-Unis avant de se propager sur toute la planète. Une unité d’élevage industriel correspond à au moins 1 000 bovins ou 2 500 porcs, ou encore 125 000 poulets. Le Royaume-Uni est le pays européen le plus avancé dans ce modèle, avec plus de 800 mégafermes recensées en 2017. Les deux plus grandes fermes hébergent pour l’une 23 000 porcs et pour l’autre 3 000 bovins. Pendant ce temps, 37 % des races de poulets sont menacées d’extinction, 35 % des races de cochons et 31 % des races de vaches.

Limiter au maximum la « déforestation importée »

« Il faut que les pays du Nord balayent devant leur porte, a renchéri avec fermeté Robert Nasi, le directeur du CIFOR. En important du soja pour nourrir leurs animaux, ou de l’huile de palme pour mettre dans leurs moteurs et leurs aliments transformés, ils participent à la déforestation et donc à l’émergence de maladies infectieuses. C’est trop facile de donner des leçons aux pays du Sud, il est temps d’être cohérent en prenant des mesures pour limiter au maximum la déforestation importée. » Ce concept de « déforestation importée » est l’objet d’une motion qui sera présentée lors du Congrès mondial de la nature, organisé à Marseille par l’Union internationale de la conservation de la nature (IUCN, voir chapitre 2). Initialement prévu en juin 2020, le rassemblement a été repoussé à l’automne 2021 en raison de la pandémie. « Le but de cette motion, portée par la France, est de souligner le fait que tous les achats des consommateurs européens – bois, huile de coco15 ou bœuf importé du Brésil – ont un impact environnemental dans les pays sources, m’a expliqué, le 4 juin 2020, Didier Bazile, un agroécologue du CIRAD également membre du comité français de l’IUCN. Au départ, il y avait deux propositions similaires : l’une émanait du ministère de la Transition écologique, l’autre du CIRAD et du comité français de l’IUCN. Le comité d’évaluation des motions nous a demandé de les fusionner, ce qui a conduit à un dialogue fructueux sur la meilleure manière de porter ce plaidoyer, qui pourrait être un premier pas vers la création d’une gouvernance mondiale visant à développer la solidarité écologique entre les nations. »

La primatologue Sabrina Krief a participé activement à la rédaction de la motion, qu’elle défendra au nom de la France lors du congrès de Marseille : « Si l’on veut à la fois lutter contre l’extinction de la biodiversité, le dérèglement climatique et le risque pandémique, il faut absolument préserver les forêts tropicales, a-t-elle résumé avec son enthousiasme habituel. Les grands singes sont l’espèce emblématique pour ce triple défi, essentiel pour la survie de l’humanité. À Marseille, je serai accompagnée de paysans et collègues ougandais, qui expliqueront pourquoi préserver les chimpanzés c’est aussi protéger notre santé et notre avenir. »


Comment les forêts protègent la santé

Au moment de notre entretien, le professeur Philip Weinstein préparait une étude sur l’impact sanitaire des méga-incendies qui ont ravagé l’Australie en 2019 et 2020, réduisant en cendres une superficie aussi vaste que le Royaume-Uni, dont un cinquième des forêts. Provoqués par une sécheresse exceptionnelle, devenue récurrente sur l’île-continent, les feux ont fait trente-trois morts chez les humains et tué ou déplacé près de 3 milliards d’animaux, pour une facture qui s’élève à 7 milliards de dollars américains. Dans une étude publiée en 2012 et citée dans le rapport du Lancet sur Planetary Health, les auteurs ont estimé que la fumée provoquée par les feux de forêt, « principalement dus aux activités de défrichement cause la mort prématurée de 300 000 personnes chaque année dans le monde », notamment en raison de pathologies respiratoires 10. « L’un des effets des incendies qui est souvent sous-estimé, voire ignoré, c’est l’impact sur la santé mentale, a souligné Philip Weinstein. Comme pour d’autres catastrophes écologiques, telles que les tremblements de terre ou les tsunamis, les populations affectées souffrent de graves troubles psychologiques – et parfois de syndrome post-traumatique –, qui provoquent des suicides et un excès de morbidité psychiatrique. De plus, en vivant dans des espaces où la biodiversité a été ravagée, les enfants développent des allergies, en raison d’un microbiome et d’un système immunitaire affaiblis. Quand on sait qu’avec le réchauffement climatique les incendies de forêt vont se multiplier, on ne peut qu’être inquiet du fardeau que cela représentera pour la santé publique. »

« Les menaces qui pèsent sur les forêts sont énormes », m’a confirmé de son côté Robert Nasi, qui dirige le Centre pour la recherche forestière internationale (CIFOR), installé à Bogor en Indonésie (voir chapitre 2). Quand je lui ai parlé le 26 juin 2020, il venait de recevoir le rapport de la FAO et du PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement) sur La Situation des forêts du monde, 2020. « On continue de perdre 10 millions d’hectares de forêt tropicale chaque année, et c’est principalement dû aux activités anthropiques de déforestation, même si effectivement le poids des incendies provoqués par la sécheresse croît dramatiquement, m’a-t-il expliqué.

— Où en est l’Indonésie ?, ai-je demandé en repensant à ces images de tourbières incendiées par les planteurs de palmiers à huile et les industriels de la pâte à papier.

— Depuis 2018, c’est le seul pays tropical qui peut se targuer d’avoir réduit son taux de déforestation. Quant aux feux, ils ne touchent plus les forêts primaires, mais des zones habitées qui avaient été déforestées il y a très longtemps et qui sont très dégradées. L’Indonésie est donc une bonne élève, comme l’était le Brésil, avant l’arrivée catastrophique de ce fou de Bolsonaro.

— Quels sont les services écosystémiques de la forêt ?

— Pour les populations, c’est une source d’approvisionnement en produits de première nécessité, comme les plantes médicinales ou le bois qui sert à la construction de maisons et d’outils, ou à cuire les aliments. La forêt joue aussi un rôle dans les équilibres hydrologiques, la température locale et le stockage du carbone. En revanche, contrairement aux bêtises qui sont reprises régulièrement dans les médias ou récemment par le président Macron, les forêts, comme l’Amazonie, ne produisent pas d’oxygène ! En effet, l’oxygène qu’émettent les arbres, après avoir absorbé le carbone de l’air, est reconsommé pendant la nuit au cours de ce qu’on appelle la “respiration cellulaire”. L’oxygène que nous respirons vient à 99 % du plancton des océans, où il a été emmagasiné depuis des milliards d’années.

— Les forêts représentent le deuxième plus grand puits de carbone après l’océan : quel est l’impact du dérèglement climatique sur ce service écosystémique ?

— Il est très inquiétant ! On estime qu’aujourd’hui 70 % des forêts sont en état de stress hydrique, c’est-à-dire qu’elles manquent d’eau. Lorsqu’elles passeront un certain seuil – c’est ce qu’on appelle en anglais le “tipping point”, le point de bascule –, elles cesseront de capter du carbone et commenceront à relâcher dans l’atmosphère tout le CO2 que les arbres ont stocké notamment dans leurs racines. Cette “boucle de rétroaction positive” provoquera un emballement des émissions de gaz à effet de serre…

— Quel est le rôle des forêts pour la santé ?

— C’est un service écosystémique capital qui est trop souvent ignoré. D’abord, elles ont un effet psychologique très fort, qu’ont confirmé des études scientifiques sérieuses. Les Japonais ont inventé un mot pour cela : le “Shirin-yoku” ou “bain de forêt” qui désigne le sentiment de bien-être et d’équilibre intérieur que procure une marche en forêt. À l’inverse, la destruction des forêts provoque des troubles psychologiques et physiques, qui sont aussi bien documentés. »

Parmi les études réalisées à ce sujet, je retiens celle de Geoffrey Donavan, du Department of Agriculture Forest Service des États-Unis, qui a mesuré l’impact psychologique de la déforestation provoquée par un ravageur, l’agrile du frêne, lequel a tué 100 millions d’arbres de 1990 à 200711. En comparant les données sanitaires de quinze États américains, il a constaté un excès de mortalité lié aux maladies cardio-vasculaires et, dans une moindre mesure, respiratoires, dans les comtés les plus touchés. Tout indique que le stress provoqué par la mort des arbres est à l’origine de ces pathologies, ce qui confirmerait l’« hypothèse de la biophilie », qui désigne la « préférence esthétique instinctive » que les humains auraient pour des « environnements naturels » et leur « attirance subconsciente vers tous les autres organismes vivants », pour reprendre les termes de la Britannique Valentine Seymour, chercheuse à l’University College de Londres[12].

De même, une étude dirigée par Luis Roman Carrasco, que j’ai interviewé le 22 juin 2020, a confirmé que la déforestation au Cambodge avait un impact direct sur la santé des populations[13]. Après avoir décroché un doctorat en sciences de l’environnement à l’Imperial College de Londres, ce chercheur d’origine espagnole a suivi son épouse à Singapour, où il vit depuis dix ans. À trente-neuf ans, il travaille dans le département des sciences biologiques de l’université de la cité-État, où il dirige un laboratoire qui vise à « identifier des stratégies pour réconcilier la conservation de la biodiversité, la sécurité alimentaire et le développement économique dans les tropiques », ainsi que l’indique son site Web. « Pour notre étude au Cambodge, m’a-t-il expliqué, nous avons consulté les statistiques médicales centralisées par le ministère de la Santé pour 35 547 foyers répartis dans 1 766 communautés, du 1er février 2005 au 30 avril 2014. Par ailleurs, l’ONG Open Development Cambodia, qui recense les activités de déforestation dans le pays, nous a fourni ses données sur toute la période. Nos résultats montrent clairement que la destruction de parties de la forêt tropicale entraîne une augmentation significative de l’incidence de la diarrhée et des maladies respiratoires chez les enfants de moins de cinq ans. L’un des services écosystémiques de la forêt est, en effet, de filtrer l’eau. Quand les arbres sont abattus, la qualité de l’eau est affectée, en raison d’une charge élevée en bactéries et microbes, provoquant des diarrhées qui représentent la principale cause de mortalité chez les jeunes enfants des pays à faible revenu.

— Est-ce que cela signifie que la conservation de la forêt est aussi un enjeu de santé publique ?

— Tout à fait ! J’ajouterais que c’est aussi une question de droits humains, car les forêts sont cruciales pour des milliards de personnes dans le monde. Malheureusement, rares sont les politiques qui font cette connexion. C’est pourquoi mon laboratoire comprend des écologues et des infectiologues, mais aussi des économistes, pour trouver des solutions permettant de répondre à des impératifs apparemment contradictoires, comme la nécessité de préserver la biodiversité mais aussi de nourrir la population, en développant l’agriculture. Pour cela, il faut changer de logiciel : contrairement à la vision qui a longtemps dominé, raser la forêt n’est pas synonyme de développement économique. À moyen terme, c’est même tout le contraire !

— Dans un article publié en 2017, vous parlez des “compromis économiques globaux” qui doivent être trouvés entre la “nature sauvage” et l’“agriculture tropicale”[14]. Que vouliez-vous dire ?

— Pour faire cette étude, j’ai analysé les bénéfices à court terme et les coûts à long terme de la déforestation qui a eu lieu dans les zones tropicales d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, entre 2000 et 2012. Pour les premiers, il y a l’exploitation du bois, l’agriculture, l’élevage et les grandes plantations, en sachant que, dans bien des cas, la terre finit par être abandonnée en raison de l’érosion des sols. Les seconds sont liés à la destruction des services écosystémiques fournis par les forêts. Mes résultats montrent que les coûts à long terme sont bien plus élevés que les bénéfices à coût terme, sauf dans un cas : lorsqu’il est possible d’implanter des cultures ayant un potentiel de rendement et de revenus élevés sur le long terme. C’est une option dans certaines forêts atlantiques, comme celles du golfe de Guinée ou de la Thaïlande, où les bénéfices de la conversion agricole sont réels, de sorte qu’il peut être difficile de développer des stratégies de conservation de la biodiversité fondées, par exemple, sur la rémunération des services rendus par les paysans. En revanche, l’Amérique latine, l’Asie du Sud-Est et Madagascar sont des régions où la déforestation produit de faibles bénéfices agricoles mais des coûts environnementaux élevés. Elles devraient donc être des cibles privilégiées pour des mesures de conservation, avec des incitations financières qui les rendent économiquement viables. Mais d’une manière générale, il est possible de réconcilier la nécessité de protéger la biodiversité et les forêts, et celle de nourrir les populations en développant des politiques d’aménagement du territoire qui pensent les espaces en termes de paysages où chaque activité pourrait avoir sa place. »