Kochise, 1987 | 2005 { Part 1 }

Kochise, 1987 – 2005, punk, anarchisme, utopie et espaces de vie alternatifs

Cet article a été écrit à l’occasion de la quatrième journée d’étude organisée le 23 janvier 2016 au FGO Barbara à Paris dans le cadre du PIND (Punk is not dead. Une histoire de la scène punk en France 1976-2016). Le PIND est un projet de recherche soutenu par le CESR (Université François-Rabelais/CNRS/MCC) et THALIM (CNRS/ENS/Université Paris 3). Cette 4è conférence cherchait à « interroger l’histoire du punk au prisme des histoires de musiciens et de groupes », la volonté de cette contribution étant de faire le lien entre punk et engagement politique et social. Il est publié dans Abloc en trois épisodes, en voici le premier.

I – Bande de copains et esprit de révolte

La formation du groupe

Mai 1987, un groupe de jeunes lycéens, participe à l’organisation d’un concert contre le racisme à Boé, dans le Lot-et-Garonne (doc 1).

A ce concert jouent Washington Dead Cats, Nuclear Device, Carbone 14 et le groupe que nous avons formé 3 mois auparavant, dans le sillage des manifestations de la fin de l’automne 1986 contre les lois Devaquet. Dans ce groupe, on est âgé de 15 à 19 ans.

Le matériel de musique est de premier prix, acheté avec l’argent mis de côté au fil des années, grâce au cumul des sous de noël et des anniversaires, et des petits boulots d’été. Et ce n’est d’ailleurs que plusieurs années plus tard que les membres du groupe se paieront le matos de leurs rêves : Fender, Gibson, Marshall et autres guitares et amplis si convoités ; il faudra tout simplement attendre de travailler.

Pour répéter : une annexe de la ferme de madame Bonnet, à côté d’un champ, où la famille de 3 des musiciens (Olivier, Alex et, Géraldine) s’approvisionne en lait et en oeufs.

Aucun membre du groupe ne sait vraiment jouer, quelques accords tout au plus. Le reste c’est à l’oreille. Et ce n’est un problème pour personne, comme cela ne l’est pas non plus de monter sur scène 3 mois plus tard et 6 compositions à jouer devant plus de 500 personnes. On monte donc sur scène en toute inconscience, complètement déchaînés et c’est peut être pour cela que le courant passe et qu’un jeune de notre âge, vient nous proposer un concert dans les mois qui suivent. Et là c’était parti.

De plus, le soir de ce premier concert de « Cosette et les Bûcherons voyeurs », nom choisi après de longues recherches, les groupes invités sont hébergés chez nos parents, qui ont aussi donné un coup de main à l’organisation et chez une vieille paysanne, amie de la famille.

Peu de temps après, Nuclear Device nous proposent de faire leur première partie dans un village pas loin de chez nous. Déjà, Pascal, le chanteur, nous avait encouragé pour notre premier concert, et là il nous propose de rejouer avec eux ; nous sommes très fiers…!

Il faut dire que les groupes du label Bondage nous inspirent beaucoup alors. Même si ce sont des groupes comme les Sex Pistols, les Clash et Sham 69, qui nous ont le plus influencés, suite à la rencontre du grand-frère de la famille avec un correspondant anglais qui écoutaient déjà du punk. Et il y a eu la recherche d’une musique rebelle, qui n’entre pas dans le rang, qui a commencé par le hard rock, pour arriver en rentrant au lycée, au punk-rock.

C’est donc tout naturellement que Bérurier Noir et les autres groupes du label Bondage, se sont imposés à nous au moment des grèves lycéennes de 1986.

L’esprit de contestation

A ce moment là, au premier trimestre de l’année scolaire 1986-1987, nous avons constitué une bande de copains au sein du lycée, des punks lookés ou non, qui se sont activement engagé dans les manifestations lycéennes, avec l’aide notamment d’un petit groupe anarchiste local, en particulier Roger Petit, avec qui on va rester lié jusqu’à aujourd’hui et qui est l’organisateur d’un festival de musique en liberté à Agen qui a duré 40 ans où on jouera dès l’année suivante et celles qui suivront (doc 2 et 3).

Des tracts sortent contre la loi Devaquet, ou comme « Putain de profs » ou Putain d’administration qui remettent en cause ce qui nous apparait comme les privilèges du corps enseignant vis à vis des élèves (doc 4, 5, 6).

On se retrouve parfois à une quinzaine dans le studio de Roger pour rédiger les tracts et discuter entre nous.

Mais une fois l’agitation des grèves passées, les tracts, les autocollants et les affiches commandés et collés un peu partout, on ne veut pas s’arrêter. C’est ainsi que l’on continue à s’activer contre le racisme, puis auprès du groupe anarchiste agenais, avec qui l’on va organiser pendant nos années lycées, débats publics, concerts de solidarité, festivals.

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